On commence par l ‘échec d’Estragon : « rien à
faire » et l’approbation de Vladimir « Je commence à le
croire ». On se rend compte de suite,
qu’il s’agit d’un malentendu, un véritable dialogue de sourd. Ensuite Vladimir
va se poser des questions métaphysiques. Le premier échange verbale est le
premier malentendu de la pièce : Vladimir, ne comprend absolument pas
Estragon. On remarque que les personnages sont assez différents, mais ils
arrivent à se compléter (tant bien que mal !).
On se rend
rapidement compte, que les dialogues des personnages sont dénués de tout
intérêt pour le lecteur !
Tout le théâtre de Becket est axé sur la représentation, et non
sur le dialogue.
Becket, en écrivant ce livre (on peut difficilement parler d’une
œuvre…), a voulu faire une critique implicite de la société : les hommes
communiques mais ne se comprennent pas.
La phrase « rien à faire », indique une certaine
dramaturgie de l’immobilité et de l’inaction. Durant toute la représentation,
aucun de personnage ne va bouger, on est dans le domaine de l’inaction totale.
Cette immobilité traduit une volonté de renouveler le théâtre, qui à l’époque
était toujours un peu sur le même style, Becket veut faire bouger les choses.
« Les gens sont des cons », est une maxime, ou un
aphorisme; il y en a une autre au début du texte : » Voilà l’homme
tout entier s’en prenant à sa chaussure alors que son pieds est coupable ».
On a une reprise d’une des caractéristiques classique du théâtre,
lorsque le valet reprend les paroles de son maître en les transformants.
On a ensuite un dialogue sur les Evangiles. Vladimir est debout,
penché sur Estragon (qui lui est assis) ; verbalement c’est Vladimir qui
conduit le dialogue, puis c’est Estragon qui va avoir ce dernier mot en plaçant
cette aphorisme.
Estragon prends alors le statu de dominé, cela annonce un
changement de pouvoir, mais qui va s’effectuer difficilement. Il se déplace de
gauche à droite (ce qui signifie qu’il s’approprie le territoire), puis il
guette (cela peut laisser sous entendre deux chose : soit il a de l’espoir
(que quelqu’un arrive) , soit il a de la crainte (de voir quelqu’un arriver)).
Quand Estragon va revenir au centre, on sait que c’est à lui
« de jouer ». On peut distinguer dans ce premier extrait, trois
parties :
a.
l’attente
de Godot
b.
l’arbre
c.
le
duel (renversement de situation).
Les didascalies de la première réplique, nous montre qu’Estragon
balaye les quatre coins cardinaux de l’espace ; ce qui signifie qu’il a
pris possession de l’espace : cela lui redonne du pouvoir.
Des propos contradictoires vont ensuite être
cités : « endroit délicieux » et « allons nous
en », ceci est dit sur un ton ironique.[1]
En temps que spectateur de cette pièce de thé tare, on peut avoir
un doute : on se demande si c’est Estragon qui parle, ou si c’est l’acteur
lui-même. Le spectateur peut se demander ce qu’il fait là (et c’est le
cas !), en effet, au beau milieu d’une pièce de théâtre, les acteurs se
mettent à dire « allons nous en » ; on pourrait penser qu’il
vont vraiment partir !
A la réplique 3, Estragon va prendre une initiative, celle de
poser une question ; puis Vladimir va revenir à la situation, en disant
« On attends Godot », et c’est d’ailleurs ce refrain qui va revenir à
maintes et maintes fois au cours de la pièce.
La phrase « tu es sur que c’est ici », introduit deux
hypothèses :
Réplique 7 : « il faut attendre », on remarque que
Godot n’est pas nommé. L’attente n’est ici pas remise en cause.
Le dialogue autour de l’arbre est le seul digne de ce nom ;
on a des réponses du tac au tac, avec des jeux de mots (saule pleureur, et fini
les pleurs). On note que l’arbre n’a pas de feuille (important pour la suite de
l’histoire).[2]
A travers la phrase « finis les pleurs », on va
connaître la philosophie qui régie la vie d’Estragon : pour lui la vie est
une vallée de larme, et la mort une libération. On passe de la mort ( avec
l’arbre sans feuilles) à la vie (avec l’arbrisseau).
C’est Estragon qui domine le dialogue, car c’est lui qui pose les
questions, et amène Vladimir au raisonnement : « A moins
que » (il émet une hypothèse).
Remarque : Lorsque Estragon est le maître, et qu’il amène
Vladimir à se poser des questions, ceci est appelé « méthode SOCRATIQUE[3] ».
En effet cet homme enseigné à ces élèves en les faisant réfléchir, et en les
amenant à se poser des questions.
On a ici l’évocation d’un arbre jeune, ce qui signifie que cet
arbre av vivre longtemps, mais pour Estragon, il reste longtemps à pleurer à
l’arbre (et non à vivre).
Réplique 18, on a une bride de réponse « Un » de la part
de Vladimir. En réalité, il a voulu dire « un arbuste » : on a
ici un blocage de la conversation. On va passer du duo au duel.
Godot, n’est jamais nommé directement, ni en sujet, ni en COD[4],
c’est une présence virtuelle, imaginaire et hypothétique.
Réplique 20, notre ami Estragon est sue la défensive, il cherche
une excuse « N’a dit ferme ». A la réplique 19, Estragon est passé à
l’offensive, car il ne pose plus une question, mais dit une affirmation :
« il devrait être là ».
La présence de très courtes répliques, sont agaçantes pour
Vladimir, car elles sont dites sur un ton moqueur (« et ainsi de
suite »).
Réplique 27 et 28, on a l’impression d’un désaccord. On voit que
le combat est achevé : Estragon a battu Vladimir, cela se manifeste par la
réplique « c’est à dire », qui montre que Vladimir, ne sait plus quoi
dire.
Conclusion : En deux pages, la situation a
été exposé, et dénoué. Grâce à Estragon qui a dominé Vladimir, il ne s’agit
plus d’attendre Godot, mais simplement d’attendre.
Le ton est donné pour la suite de la pièce :
[1] Ironique : façon de dire le contraire de ce que l’on pense réellement.
[2] En effet, au fils que l’histoire progresse chronologiquement, l’arbre va avoir des feuille.
[3] Socrate, pour cette méthode était appelé Accoucheur des Esprits.
[4] Cod : abréviation de complément d’objet direct . EX : Le chat mange LA SOURIS.